Chanson douce
Louise a assassiné Mila et Adam, presque deux bébés encore. Louise est leur nounou et ne supportait pas l'idée d'en être bientôt séparée, quand Adam rentrerait à l'école. L'auteur nous décrit le lent et inéluctable chemin vers la folie d'une femme que la tristesse et la solitude ont fragilisée, grignotée. En contrepoint, elle met en lumière Myriam, la maman, son bonheur ineffable à la naissance de Mila, son entier dévouement à sa fille et son amour inconditionnel. Pour rester dans ce cocon familial doux et sécurisant, elle a prémédité l'arrivée d'Adam. Cette seconde naissance l'a ramenée à la réalité, à un quotidien difficile à gérer. Très vite, elle n'en peut plus, elle se sent dévorée, elle se sent s'éteindre et devenir aigrie. Elle décide de travailler et trouve Louise, la perle rare. Louise, l'invisible, devient vite l'indispensable. Seulement, derrière son beau visage de poupée, elle cache des failles. Au désespoir, elle tentera de pousser le couple à refaire un enfant, un enfant pour elle, pour ne pas quitter cette famille sur laquelle elle s'est véritablement greffée. Sans elle, elle dépérira.
Un roman impressionnant, écrit au plus près des émotions, où plusieurs voix s'expriment : Louise, le couple, l'enquêtrice ... ajustant les pièces d'un puzzle complexe pour remonter le fil jusqu'à l'évènement déclencheur qui, peu à peu, a poussé Louise vers la déshumanisation.
Beaux rivages
La narratrice, A., raconte l'amour avec Adrian qui vient de la quitter après 8 ans de bonheur. Elle n'a rien vu venir, ne comprend pas et sa douleur peu à peu la noie. Les sentiments se succèdent : la colère face à son comportement lâche, la tristesse d'avoir été trahie, ensuite le désespoir profond qui, peu à peu, la noie. Le chagrin la creuse, elle sombre dans une semi-folie. Elle est tombée du manège enchanté, elle perd tout discernement. Des amies vont lui tendre la main et l'aider à reprendre pieds.
Un roman de belle facture sur un sujet éternel, une réflexion sur le bonheur et la difficulté de le définir. Et cette juste conclusion : nous restons à l'origine du geste, nous apprenons à aimer en aimant et aucun amour ne nous quitte.
The Girls
Evie Boyd, la quarantaine, se souvient de ses 14 ans : le divorce de ses parents; ce père qu'elle connaît mieux que lui ne la connaît; sa mère qui, pour éviter le désespoir, s'essaie à diverses thérapies, jusqu'au mysticisme; l'éloignement de sa meilleure amie. C'est l'été, elle fuit la maison et erre dans la ville. Au parc, elle est remarque trois filles et l'attraction est immédiate. Sa fascination pour leur aisance et leur liberté, son désir d'être aimée font qu'elle accepte de les suivre dans la secte où elles vivent et rencontre Russell qui la subjugue. Un été qui va brusquement la faire grandir. Un roman à la psychologie très fine et nuancée sur les failles et les zones d'ombre de l'être humain.
La succession
Paul Katrakilis a 28 ans, est docteur en médecine comme son grand-père Spyridon et son père Adrian, mais il n'exerce pas, sa passion étant la chistera. Il a fui Toulouse et une famille faite de mystères et de douleurs. Ils se sont tous suicidés, rivalisant d'originalité. Aucune lettre laissée, aucun mot pour ceux qui restent. Paul s'est exilé en Floride où il est pelotari et vit de peu. Jusqu'au jour où son père se suicide en se jetant du toit d'un immeuble où il vient de soigner un patient. Là encore, aucun mot laissé. Paul liquide la succession et le cabinet puis repart. Une grève qui s'éternise dans son club, un job dans un resto dont il se voit remercié après quelques mois le laissent sans plus de ressource. Il n'a d'autre choix que de revenir dans la maison familiale et de rouvrir le cabinet de son père. Après quelques temps, il découvre dans un tiroir du bureau de ce dernier deux carnets en Moleskine et le secret de son père ...
Un roman émouvant sur une famille foutraque où plane comme une malédiction. Un roman sur les héritages muets et indéniables, souvent blessants. Un roman sur la famille et nos proches qui ne le sont pas tant que cela et dont nous ignorons bien des choses.
Un roman au style à la fois mélancolique et enjoué.
Dieu n'habite pas La Havane
Juan del Monte Jonava a tôt appris de sa mère choriste, la "Sirène rousse", le rythme et la musique. Il est devenu "Don Fuego", un chanteur connu et très apprécié, surtout des dames. Comme son surnom l'indique, il met le feu partout où il se produit. Il a 59 ans et travaille depuis plus de trente ans au Buena Vista Café. Sa vie s'écroule quand il apprend que le lieu a été racheté par une rentière de Miami, dans le cadre de la privatisation décidée par le Parti. Son objectif est de le rajeunir, exit Don Fuego! Chanter, c'est sa vie; chanter, sa passion, a détruit sa vie de couple et l'a éloigné de ses enfants. Il est sûr de son talent, sûr de sa célébrité, seulement le téléphone reste muet. Il se retrouve orphelin, démuni, il pâlit ... Jusqu'à sa rencontre avec la flamboyante et énigmatique Mayensi, un souffle ardent qui vient le posséder au plus profond de sa chair. Il revit. Pour elle, il abandonnerait la musique, pour elle il se damnerait. Mais la belle cache des secrets douloureux et une violence qui finira par s'exprimer. Il va se brûler les ailes, pourtant il ne regrettera jamais d'y avoir cru.