Police
Paris, un soir d’été caniculaire, trois gardiens de la paix, Virginie, Erik et Aristide ont pour mission d’escorter un étranger à l’avion qui va l’expulser. Ils savent que cette expulsion signe son arrêt de mort. Le huis-clos sous tension, leurs tempêtes personnelles vont les mettre face à eux-mêmes et leur volonté de se rester fidèle. Hugo Boris a des mots ciselés et justes pour décrire la nature humaine dans ce qu'elle a d'heureux, d'humain, comme d'injuste et de révoltant, de cruel. Un roman percutant qui nous montre l’envers, la vérité d’un métier dont nous avons une image tronquée et que nous méjugeons.
Petit Pays
Gabriel est né au Burundi d’une mère réfugiée Tutsi et d’un père français. La guerre entre ethnies l’a exilé en France, laissant derrière lui une famille dispersée, torturée, massacrée. Devenu adulte, dans un pays qui lui reste étranger, il se retourne sur son douloureux passé pour tenter de comprendre comment tout a commencé. L'histoire est connue, l'histoire est révoltante. L’originalité est que l’auteur nous emporte au plus près de la scène, au plus proche de l'horreur et de l'incompréhension. Gabriel, tout gamin, voit déferler la violence, l'inhumanité, sans en rien comprendre, innocent de sa générosité et de son respect de la vie de l'autre. II est tôt confronté à la folie du monde et se voit contraint d'en jouer le jeu cruel, contraint d'apprendre à marcher aux bords des gouffres.
Un formidable premier roman au style fluide, entraînant, vivant …
Romanesque
Un roman comme un conte qui narre la rencontre entre une glaneuse et un braconnier. Une forêt immense, un homme et une femme, un regard et l'amour fou. Ils ne vont plus se quitter, vivre l'un pour l'autre, l'un par l'autre, l'un à travers l'autre. Le chêne et le lierre. Leur bonheur, simple finalement, va provoquer maints débats, faire maints envieux. De condamnations en malédictions, de mauvais sorts en anathèmes, leur sort est vite celé, le couperet tombe.
Les âges et les siècles vont se succéder et les amants renaître, se retrouver et s'aimer. Leurs souvenirs sont intacts, leur amour flamboyant, le monde suspicieux toujours : comment un tel amour est-il possible ? n'ont-ils pas absorbé tous les sentiments existant ?
La jalousie est intemporelle et ravageuse ... mais perdante !
Ils traversent le Temps, indifférents à toute loi, ne prétendant à rien qu'à leur amour, n'obéissant qu' à sa toute puissance. Rien n'est besoin d'autre chose.
Benacquista mêle présent et passé dans un récit trépidant qui se nourrit du thème des amants maudits, des amours contrariées qui résistent à toutes les avanies. Le style épouse le fond sans être compassé. Une réussite, un véritable enchantement !
Crépuscule du tourment
Quelque part en Afrique, quatre voix féminines parlent et s’adressent à un homme qui a disparu. Il y a « Madame » la mère, Tiki la sœur, Amandla la femme aimée mais mal, Ixora l’épouse de son meilleur ami qu’il a prise sous son aile et dont il a adopté le fils. Ce sont des voix à la fois tendres et fortes qui rendent à l'absent une présence palpable tenue à distance de tout esprit de revanche, de toute colère. Dans un pays où la couleur de peau est déterminante, où le statut de femme est piétiné, elles ont appris à voir ce qu'il y a d'elle en l'autre, elles ont compris ce qui fonde l'humanité, ce qui fait l'universalité. Même si l'on ne sait pas toujours identifier les manques et leurs effets, elles ne renoncent pas, elles sont guerrières. Et une parfaite illustration de ce que peut être la liberté, parce que jamais elles ne s'avouent vaincues. Elles ont compris que l'amour n'est pas simple et que la vie est une aventure extraordinaire.
Léonora Miano est exceptionnelle de tendresse et de profondeur, habitée d’une âme millénaire dans ce roman au style dense, profond, sensuel, charnel avec ses phrases qui coulent comme une symphonie, en douceur et rythme. L'histoire qui nous est contée, véritablement un conte aux accents tragiques et sombres, nous parle des forces ancestrales à l'oeuvre en chacun de nous, les fameuses clés de l'histoire familiale ...
Règne animal
Un roman, comme une épopée, qui traverse tout le XXe siècle au fil de l’histoire d’une petite ferme qui deviendra une véritable entreprise porcine. Par le prisme du devenir personnel d’une même famille - sur cinq générations -, l’auteur nous conte le tragique d’un temps qui a vu déferler le cataclysme de guerres, l’avènement d’une toute puissance économique à l’origine de bien des désastres, l’exploitation outrancière d’une nature qui n’a pas tardé à s’en venger … La nature rebelle, l’animal indomptable en miroir de la vanité et de la sauvagerie humaine.
Un roman lyrique, au style majestueux, à l’écriture véritablement organique qui nous pousse à réfléchir sur la nécessité d’une vie de l’homme en bonne intelligence avec tout ce qui fait et fonde notre monde.