L'homme feu
Joe Hill, en digne héritier de son père, ne pouvait sans doute pas éviter de nous conter une histoire de fin du monde. C’est désormais chose faite avec «L’homme feu», son nouveau roman, où l’apocalypse se présente sous la forme d’une spore, baptisée l’écaille de dragon. Après l’apparition sur la peau de taches noires bordées d’or, les infectés s’enflamment littéralement, provoquant d’innombrables incendies à travers le monde, qui sombre peu à peu dans le chaos.
Harper, jeune infirmière dévouée et enceinte, développe à son tour la maladie. Bien décidée à survivre assez longtemps pour donner naissance à son enfant, elle rencontre un homme qui semble capable de contrôler l’écaille. Mais dans un monde où des milices éliminent systématiquement les infectés, le plus grand danger n’est peut-être plus la maladie…
Captivant, angoissant, «L’homme feu» nous montre les pires et les meilleurs aspects d’une humanité coupée en deux, partagée entre l’espoir et la peur, entre la survie et l’extinction.
Fin de ronde
Stephen King clôt ici avec brio son incursion dans la littérature policière, entamée avec Mr Mercedes et poursuivie avec Carnets Noirs. Nous retrouvons Bill Hodges et Holly Gibney qui, à la tête de leur agence de détective privé, sont amenés à enquêter sur un meurtre-suicide suspect, en lien avec le massacre du City Center, qui s’était produit au début du premier tome.
Leurs investigations les ramènent à Mr Mercedes, alias Brady Hartsfield, depuis 5 ans résident supposé permanent et végétatif à la Clinique des Lésions Cérébrales Traumatiques, et qui depuis sa chambre d’hôpital planifie un massacre de masse à distance.
Bill et Holly devront faire face à une machination improbable mais efficace, mais aussi affronter leurs propres angoisses, devant l’inéluctabilité de cette fin de ronde.
Cette enquête policière, saupoudrée d’un soupçon de fantastique (Stephen King oblige!) garde un rythme soutenu et se dévore sans effort. On est content de retrouver les différents personnages et de suivre leur évolution, la plus spectaculaire et intéressante étant celle d’Holly, héroïne fragile et attachante, à l’intelligence redoutable.
Le bourreau de Gaudi ***
Des catalans connus sont séquestrés, affamés et finalement suspendus la nuit aux balustres de divers bâtiments célèbres, tous conçus par Gaudi. Leur ravisseur les enduit de poix, y met le feu et diffuse les images sur internet. De quoi inquiéter les édiles et compromettre le tourisme. On rappelle Milo Malart, policier réfractaire à toute autorité que l'on a été bien content d'écarter lorsque son neveu s'est suicidé avec son arme de service.
670 pages de déambulations passionnantes dans tous les quartiers de Barcelone ; d'habiles incursions dans les sphères du pouvoir, les arcanes de la police, mais aussi le présent et le passé politique de la ville ; des personnages bien troussés et un enquêteur têtu, querelleur, politisé, tourmenté et sensible. Très, très bien.
Les muselés **
Des étudiantes qui se prostituent, des malades mentaux que leurs familles doivent garder chez elles faute de place dans les institutions, des chômeurs fouillant les poubelles : à Barcelone aujourd'hui, Milo Malart a toujours plus de raisons d'être révolté, compatissant à l'égard des muselés qui l'entourent. Le meurtre d'une jeune fille le hante, mais c'est une affaire de petits chiens découverts empalés dans les jardins publics qui lui vaut d'être à nouveau mandaté par la Ville. Commissaire, juge, procureur : Milo les défie tous. Et il va jusqu'au bout.
La fleur de l'illusion ***
Chez le vieil homme trouvé mort manque une fleur improbable, dont subsiste une photo. Un inspecteur dont le fils lui doit d'avoir échappé à l'opprobre s'intéresse à lui, et à sa petite-fille, qui enquête, comme d'autres. Des suicides et des meurtres se sont produits, hier et aujourd'hui, à cause de la fleur. Elle n'existe pas, et pourtant... Aussi prenant et déroutant que La maison où je suis mort autrefois, voici le dernier roman traduit en français du maître japonais.