Crépuscule du tourment 2 Héritage
La part tue de "Mélancholy" dans lequel quatre femmes parlaient de leur relation à un homme - un fils, un amant, un mari, un frère. Cet homme fait entendre sa voix dans ce second opus et éclaire les zones d'ombre.
S'il y a dans cette suite moins d'animisme, moins de force, moins de "tellurisme", j'y retrouve cependant la finesse psychologique de Léonora Miano, son intelligence de l'humain, sa vision contrastée, la description des fêlures, des combats intérieurs, des acceptations aussi. Elle décrit l'amour dans toutes ses formes : la violence de la passion, la viscéralité de l'amour maternel, l'amour au-delà de la mort, le désir de vouloir le bonheur de l'autre et le laisser partir ... Elle nous parle de l'héritage familial, ancestral qu'il est préférable d'apprivoiser plutôt que combattre pour vivre enfin et trouver son identité propre.
Aimer et prendre l'air
Amy a 38 ans et est actrice. Un Tony Award vient de la récompenser et elle est sollicitée pour divers projets. Mais Amy est fragile, en psychanalyse depuis 17 ans, depuis la mort de ses parents, et en questionnement par rapport au couple qu'elle forme avec Jack qui a quinze de plus qu'elle. Jack, un carcan austère et mondain qui fait taire ses désirs et ses exubérances. Jack qu'elle a tenté de quitter à maintes reprises. Un mois de vacances et l'arrivée d'un couple d'amis au bord de la rupture vont mettre au jour certaines vérités.
Une comédie tendre et lucide sur nos idéaux, nos projections amoureuses et la nécessité de redéfinir l'amour.
La chair
Soledad a un prénom qui lui colle à la peau : elle a toujours préféré être seule tant par besoin de maîtrise de sa vie que parce qu'elle est accro à la foudre, la passion. Son désir est "exigeant, pointilleux, tyrannique". Sa belle assurance s'effrite le jour où elle fête ses 60 ans, ce jour où elle constate que son aura de commissaire d'expos prisée diminue, ce jour où son amant de 40 ans la quitte. Elle a beaucoup de mal à accepter les dernières fois qui font écho aux premières fois, mais c'est une guerrière, avec au fond d'elle quelque chose d'enfantin et de sauvage qui lui fait relever la tête.
Un roman drôle, cruel, cynique sur le passage du temps, l'amour parfois obsessionnel, la tyrannie du sexe, la peur de la mort, de l'échec, les renoncements pas forcément nécessaires.
De l'art de vieillir, créer, aimer.
Les Furies
Lancelot, alias Lotto, vient d'une famille riche dont il ne veut pas d'argent; il est solaire et optimiste. Mathilde n'a plus de famille, aucune base; elle est pâle et réservée. Ils ont 22 ans quand ils se rencontrent et sont foudroyés d'amour. Ils sont ardents, la vie est une aventure ... jusqu'à ce que, après 23 ans de vrai bonheur, quelques mots fassent s'écrouler le bel édifice.
Un roman à la langue baroque et impétueuse construit en deux parties : la première "Fortune" est centrée sur Lotto, la seconde "Furies" sur Mathilde, un changement de focale audacieux et surprenant qui raconte une autre histoire. Une femme, une homme et un troisième personnage : leur couple. Que connaît-on réellement de l'être que l'on aime ? taire certains évènements de sa vie, est-ce mentir ? se révéler, se dévoiler signe-t-il la fin de l'amour ?
Manuel à l'usage des femmes de ménage
Lucia Berlin nous livre sa vie, ou plutôt ses vies, dans une autobiographie fragmentée digne des meilleurs nouvellistes. Elle nous parle de sa famille, les Moynihan, autant extravagants qu'agaçants; elle nous décrit ses amours, l'alcool, la drogue, la prison, les sentiments écorchés dans un style surprenant, chaleureux et poétique. Elle fait du lecteur un intime et lui dit, avec justesse et clairvoyance, l'existence dans ce qu'elle peut avoir d'absurde comme de grâce. Une vie de bohème à la poursuite d'elle-même, l'union si particulière de force et de fragilité.
" Le monde va son chemin. Rien n'a tellement d'importance, vous comprenez? Vraiment d'importance. Et pourtant, parfois, l'espace d'un instant, on est touché par cette grâce, cette conviction que c'est important, très important." (p. 246)