La Cité des nuages et des oiseaux
Dans son cinquième roman toujours traduit et publié par Albin Michel, l’auteur multi-primé (Prix Pullitzer 2015, Grand Prix de la littérature américaine 2022) entrecroise des personnages attachants réunis malgré des siècles d’écart dans leurs rapports à l’écrit, à l’imaginaire et à leur transmission. Le monde s’écroule autour d’Aeton, héros malgré lui d’un poème antique sauvé de la destruction de multiples fois, et notamment par Anna et Omeir, lors du siège de Constantinople en 1453, par Zeno et Seymour, dans l’Idaho en 2020, par Konstance et son père, à bord d’une arche de l’espace (l’Argos) en 2146. La dévastation et l’espoir dans la création sont au cœur de l’œuvre d’Anthony Doerr, écrivain démiurge.
Des meurtres qui font du bien
Énorme succès en Allemagne pour les agissements criminels et néanmoins sympathiques de cet avocat de la pègre, conduit à s’impliquer dans les coupables affaires de son principal client. Jusque-là écartelé entre ses obligations familiales et celles de respecter une légalité au moins formelle, le narrateur décide un vendredi après-midi de reprendre sa vie en mains, et d’appliquer à sa situation très compliquée les principes de pleine conscience que lui a suggérés un maître zen. Un sang-froid et une présence d’esprit hors normes vont l’aider à triompher de tous les obstacles. Burlesque, régalant, et délicieusement immoral.
L'Étrange Traversée du Saardam
1629. Le gouverneur de Batavia rentre à Amsterdam pour accéder à un poste encore plus élevé. Il a embarqué sur un nouveau navire de la Compagnie des Indes néerlandaises, le Saardam, avec sa femme, sa fille, un trésor mystérieux et un étrange prisonnier, tous si précieux qu’il a confié leur surveillance à de nombreux hommes armés. Des manifestations diaboliques, des meurtres inexplicables et une atmosphère séditieuse ne laissent pas d’inquiéter le capitaine et l’armateur, aux prises avec leurs passagers de marque et les diktats du quartier-maître, seul capable de contenir les débordements des matelots. Roman historique (le voyage et le naufrage qui en a résulté ont bien été bien documentés), roman de cape et d’épée, roman fantastique, le livre est aussi un roman de détective que n’auraient désavoué ni Conan Doyle, ni Agatha Christie….
Comment font les gens ?
Rien qu’une longue journée parisienne dans la vie d’Anna, épouse, mère et éditrice : c’est le cadre que s’est fixé la journaliste et critique littéraire déjà autrice du très beau et sensible « Avec toutes mes sympathies » (Prix Renaudot 2018) pour embrasser toutes les contradictions de l’existence. Amitiés indestructibles et rivalités dérisoires, déceptions conjugales et complicité amoureuse, joies ineffables de la maternité, futilités et grandeurs de la vie littéraire, charmes et inconvénients de la grande ville, aspiration à la sagesse de l’âge et volonté inaltérée de vivre. Légers, parfois acerbes, jamais futiles, les propos d’Olivia sont ceux d’une amie, et la profondeur qui les sous-tend un vrai cadeau.
Lady Chevy
Ohio, de nos jours. Amy n’est pas très aimée au lycée. Qu’importe, elle ira à l’université l’an prochain, et si son père qui n’a pas été capable de faire fructifier la ferme familiale ne peut pas l’aider, son oncle maternel le fera. Il lui a appris à ne compter que sur elle-même – et sur les armes. Toute la région est polluée en raison de l’extraction des hydrocarbures par fracturation hydraulique du sous-sol, et elle a accepté d’accompagner son seul ami d’enfance dans une équipée vengeresse – qui a mal tourné. Morale nietzschéenne et morale commune s’affrontent dans ce récit âpre et monstrueux – où l’humanité des protagonistes reste entière. On a comparé ce livre à ceux de Donald Ray Pollock. Avec raison.